Les expressions lyonnaises en voie de disparition

Découvrez un aperçu documenté des expressions lyonnaises oubliées, en précisant leur sens, leur ancrage historique souvent francoprovençal, et les éléments qui expliquent leur usage moins fréquent aujourd’hui. Vous y découvrirez un tableau d’expressions locales, un témoignage, une analyse de leur place actuelle dans la société lyonnaise, une foire aux questions et quelques idées concrètes pour encourager leur usage.
Aperçu des expressions lyonnaises oubliées
Préserver les expressions lyonnaises de l’oubli revient à maintenir une dimension identitaire de la ville de Lyon. Issues pour la plupart du francoprovençal et véhiculées oralement, ces formules colorées portent la trace d’une culture bien ancrée dans la région Rhône-Alpes. Avec la montée du français régional lyonnais et la disparition progressive des anciens dialectes, nombre de ces termes ne circulent plus aujourd’hui que dans des cercles avertis, les représentations de Guignol ou les archives de groupes comme la société des amis de Lyon. Dans un contexte de normalisation linguistique, la question de la transmission de ce bagage linguistique devient un enjeu de diversité culturelle locale.
Histoire et origines des expressions lyonnaises
Le parler lyonnais s’inscrit dans le prolongement du francoprovençal, également appelé arpitan, dont les racines remontent au latin utilisé à Lugdunum. Ces origines ont généré un vocabulaire riche, parfois aujourd’hui tombé en désuétude.
Les transformations historiques — intégration administrative, développement de l’école publique, homogénéisation autour du français national — ont modifié profondément l’usage quotidien de ce parler. Dès la fin du XIXe siècle, l’avancée vers un usage uniformisé du français a causé un net recul du patois.
La Première Guerre mondiale a marqué un moment de bascule : la présence de soldats d’origines diverses a favorisé un français « standard » au détriment des variations locales. Dès lors, la transmission orale dans les familles lyonnaises s’est largement réduite. Pourtant, certaines traces subsistent dans les noms de lieux, les habitudes alimentaires (comme les bugnes ou les quenelles), ou les sobriquets régionaux.
Des travaux comme le dictionnaire étymologique du patois lyonnais ou ceux de Nizier Puitspelu témoignent de cette richesse. De même, les archives de la société des amis de Lyon ou encore les textes de Gilbert Salmon permettent de comprendre que le parler lyonnais ne saurait être limité à un simple cadre folklorique.
Facteurs de disparition des expressions
Le recul des expressions lyonnaises peut s’expliquer par plusieurs facteurs. La normalisation linguistique favorisée par les médias, la mobilité des habitants vers d’autres régions et la primauté du français standard au travail comme à l’école ont réduit la pratique de ces expressions dans la vie courante.
Un autre élément impactant est la moindre transmission entre les générations. Ces expressions, autrefois partagées dans les familles à l’oral, arrivent difficilement jusqu’aux jeunes aujourd’hui, qui les entendent rarement dans leur quotidien.
« Quand j’étais enfant à la Croix-Rousse, ma grand-mère parlait souvent de “gone” et de “gâche”. Aujourd’hui, mes petits-enfants ne connaissent même plus ces mots. C’est comme si une partie de notre histoire glissait peu à peu dans l’oubli. »
Tableau des expressions lyonnaises
Expression lyonnaise | Signification | Origine linguistique | Usage actuel | Remarques |
---|---|---|---|---|
Gone | Enfant, gamin | Francoprovençal | Courant local | Encore employé dans les contextes culturels ou sportifs |
Gâche | Place, poste | Francoprovençal | Peu utilisé | Ancienne expression liée au travail |
Bugne | Beignet | Francoprovençal | Connu en cuisine | Terme encore courant en pâtisserie |
Fenotte | Fille, jeune femme | Francoprovençal | Rare | Utilisée dans certaines références sportives féminines |
Ramasser un gadin | Tomber, chuter | XXe siècle | Très peu courant | Utilisé pour évoquer une chute maladroite |
Prendre la ficelle | Prendre le funiculaire | Francoprovençal | Vieilli | Fait référence à l’ancien funiculaire de la Croix-Rousse |
Bambaner | Flâner, traîner | Francoprovençal | Peu usité | Terme à connotation littéraire ou affective |
Tignasse | Chevelure | Francoprovençal | Peu répandu | Parfois présent dans le théâtre |
Vogue | Fête foraine | Francoprovençal | Encore dit dans certains contextes | Exemple : la vogue des marrons |
Pélo | Homme, gars | Francoprovençal | Utilisé chez les jeunes | Plus ancré dans l’oralité contemporaine |
Analyse sociolinguistique des expressions
Certains mots issus du parler lyonnais trouvent encore une forme de vitalité. Grâce aux spectacles du théâtre Guignol de Lyon ou aux efforts d’associations comme la société des amis de Lyon, ils restent présents dans certains milieux.
Dans des situations ponctuelles, les expressions telles que « gâche » ou « vogue » refont surface. Le monde culinaire, notamment, continue d’employer des termes comme « bugne » ou « quenelle » à l’occasion de fêtes saisonnières.
Mais pour le plus grand nombre, ces expressions paraissent parfois éloignées de leur quotidien. Ces mots, pourtant, restent associés à une certaine mémoire collective, et adresser leur transmission pourrait renforcer le lien culturel avec le territoire lyonnais. La valorisation de ce parler, sans le rendre archaïque, peut se faire avec pédagogie, humour et ouverture.
Différentes approches existent également pour renforcer l’intérêt à travers des moyens modernes. La création de lexiques régionaux en ligne, des capsules audiovisuelles ou l’activité de créateurs de contenu sur les médias numériques peuvent jouer un rôle non négligeable. L’usage de jeux, d’ateliers scolaires ou d’activités intergénérationnelles pourrait aussi faciliter la diffusion de ces mots auprès d’un jeune public ou de nouveaux habitants.
Les expressions lyonnaises
Ce terme désigne l’ensemble des termes et tournures présents dans la région lyonnaise, mêlant héritage francoprovençal et influences françaises ou étrangères. Il reste encore visible dans certaines conversations quotidiennes ou à travers des institutions culturelles locales.
Différents éléments participent à leur effacement : la prédominance du français national, la place croissante des médias diffusés à large échelle et le recul de l’enseignement des langues locales.
En utilisant ces expressions dans son environnement familial ou professionnel, en participant à des événements patrimoniaux ou en soutenant des collectifs qui œuvrent pour leur valorisation. Chacun peut aider, à son niveau, à garder vivants ces mots.
On les retrouve dans certaines pièces de Guignol, pendant les fêtes locales comme la vogue des marrons, dans des livres spécialisés comme les dictionnaires d’argot lyonnais, ou encore lors de conversations entre personnes âgées dans certains quartiers ou marchés lyonnais.
Les expressions lyonnaises mises peu à peu à l’écart demeurent un marqueur culturel régional. Elles témoignent d’un passé linguistique commun, d’une manière de vivre et de transmettre des récits. Leur usage est aujourd’hui plus limité, mais quelques initiatives locales les maintiennent vivantes. À travers la cuisine, la littérature, le théâtre, ou les médias numériques, elles restent accessibles. En facilitant leur diffusion avec des moyens nouveaux et inclusifs, leur avenir pourrait être renforcé. Conserver ces mots, c’est aussi reconnaître l’importance d’une diversité culturelle au quotidien.
Sources de l’article
- https://www.rhone.gouv.fr/
- https://www.education.gouv.fr/les-langues-vivantes-etrangeres-et-regionales-11249